Projets en Afrique
Voici un aperçu des projets soutenus par les «Jardins de Cocagne – Solidarité Nord et Sud». Ils sont financés principalement à travers la Fédération Genevoise de Coopération (FGC) par la Direction du Développement et de la Coopération (DDC), le Canton de Genève, la Ville de Genève et des communes genevoises. La coopérative contribue pour 1% de la valeur de la production et des coopérateurs et d'autres amis appuient nos projets par leur dons.
Nous les remercions tous pour leur soutien.
Près de 30 initiatives de différentes organisations paysannes et communes rurales ont été appuyées, en plusieurs phases, depuis 1985 : projets agricoles, économiques et de formation d'adultes. A relever que tous les partenaires ont continué leurs activités après la fin de notre soutien financier.
Depuis 2002, nous soutenons également un programme transfrontalier de prévention du VIH/sida et d’accompagnement de personnes affectées.
Ces projets ne visent pas les seules réalisations concrètes, mais ont aussi amené à une évolution des valeurs, des mentalités et des structures de société.
Programme transfrontalier – Sénégal, Mali, Mauritanie
Projet de lutte contre le VIH/sida entre Tambacounda, Kayes et Sélibaby (2002 – 2023)
Initié en 2002 à la demande de nos partenaires sénégalais, nous avons d’abord soutenu l’Association Clinique Counseling de l’Hôpital de Tambacounda dans son suivi des personnes touchées par le VIH/sida. D’autres partenaires se sont ajoutés au programme petit à petit et il y a actuellement deux associations en Mauritanie, une au Mali et trois au Sénégal. Ils ciblent les groupes de population avec comportement à risque. Ils sont actifs dans l’information et la prévention, le soutien scolaire ou économique, la médiation, la lutte contre les discriminations et les tabous et le plaidoyer auprès des autorités coutumières et officielles. Leurs outils sont des animations et causeries villageoises, du théâtre, des émissions radio, des campagnes d’information. Des rencontres annuelles sont organisées entre les partenaires pour permettre des formations et des échanges de bonnes pratiques.
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Au Sénégal
Photo : © S. Boulaz.
Parcelle de production de piment marchand chez Mamadou Gueye dans la Zone de Falo Lakh., commune de Bakel, Périmètre des producteurs de Doundé, Sénégal
Union des Producteurs Horticoles du Département de Bakel (UPHORBAK) : Sécurisation des filières oignons et piments ( 2019 – 2021)
La région de Bakel, tout à l’Est du Sénégal est une zone isolée au climat difficile. Les maraîchers de la zone s’y sont regroupés dès le début des années 90 au sein de l’Union des Producteurs Horticoles de Bakel (UPHORBAK) pour renforcer et organiser la filière horticole et plus particulièrement le maraîchage.
Nous avons soutenu un premier projet de 2008 à 2010 et des avancées significatives ont pu être constatées en termes de formation, d’organisation ou d’accès au crédit. La phase actuelle concerne deux cultures (oignon et piment) qui pourraient permettre un développement important de la zone. Les réseaux de paysans sont formés et encadrés par les techniciens d’UPHORBAK. Ils devraient pouvoir vendre leurs semences dans la zone ou vendre une partie à l’Union (à un prix plus rémunérateur que celui pratiqué par les commerçants). L’Union peut stocker cette partie et la revendre sur les marchés plus lointains.
L’Union est directement gérée par les producteurs, l’ensemble des actions qui seront engagées dans le cadre du projet seront sous le contrôle des paysans, le technicien ne venant qu’en appui.
Fin 2019, le bâtiment destiné au stockage et au séchage du piment est en cours de construction, les producteurs de semences ont été formés et ont mis en culture, la prospection sur les marchés urbains lointains est en cours et le camion frigorifique destiné au transport du piment est commandé.
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Caisses Locales d'Epargne et de Crédit (CLEC) 1995 – 2020
Implantées dans les villages, les caisses appartiennent à leurs membres et sont gérées par ceux-ci suite à des cours d’alphabétisation. Ainsi, l'attribution des crédits est transparente et les caisses fonctionnent à peu de frais. Leur but est de:
- lutter contre la pratique des taux usuriers (50-150%) pour des prêts de consommation entre deux récoltes;
- épargner en lieu sûr
- faciliter le transfert de fonds des migrants vers leurs familles au village;
- faciliter le crédit pour les différentes composantes de la société, dont les jeunes et les femmes
Les caisses sont réunies en une Union avec 2'440 sociétaires et environ CHF 4 millions d’épargne depuis le début du programme. Le taux de remboursement atteint 95%. En fin de projet, 2'866 prêts avaient été accordés pour environ CHF 3 millions. L’Union fonctionne à présent de manière autonome.
Plus d’infos sur la dernière phase du projet ici
Fonds de développement local de la commune de Kothiari (2000 – 2009)
A Kothiari au Sénégal
Ce projet concernait 49 villages et 24 hameaux de la communauté rural de Kothiary dans la région de Tambacounda. En 2001, dans le cadre de la décentralisation en cours au Sénégal, un fonds de développement local a été mis en place par un comité composé du maire, des élus et des représentants de la société civile (associations paysannes, groupements féminins, etc.) et des ONG d'appui technique de la région. Ensemble ils élaboraient un plan d’action prioritaire annuel. Le fonds a permis de renforcer des infrastructures et des équipements de base (eau, santé, éducation), promouvoir l’autosuffisance alimentaire et des activités génératrices de revenus (production animale et agricole, promotion de l'innovation) ainsi que la gestion durable et la valorisation des ressources naturelles. Le projet a renforcé également la société civile et les instances de concertation.
Association de Lutte Anti-Erosive de la Falémé (ALAEF) (1996 – 2007)
Les villages membres de l'ALAEF sont situés sur les deux rives de la Falémé, fleuve frontière entre le Sénégal et le Mali. A l’époque du début de notre partenariat le milieu naturel y était très dégradé suite à la régularisation du fleuve Sénégal, au surpâturage et à l'exploitation intense des terres. Partout, ravines et crevasses apparaissaient, se creusant saison après saison. La fertilité des champs diminuait; parfois ils devenaient stériles.
ALAEF s’est d’abord consacré à des actions de traitement de ravines pour protéger des villages et des zones de culture. Ses compétences ainsi reconnues, elle a pu élargir son champ d’action à la gestion des ressources naturelles (contrer l'érosion, la déforestation, l'évaporation des retenues d'eau, protéger les parcelles de culture et augmenter leur fertilité, augmenter la production de bois d'oeuvre); l'élevage en augmentant la productivité, le désenclavement en facilitant la circulation des biens et des personnes; l'alphabétisation, aussi pour renforcer les capacités dans le cadre de la communication écrite et la gestion des activités professionnelles; et le développement économique par la promotion des activités génératrices de revenus.
Centre d'Echange et de Formation Pratique à Bakel (CEFP) (1990 - 2006)
Depuis sa création en 1990, les Jardins de Cocagne étaient un des partenaires privilégiés du CEFP. A la fin de notre appui, en 2001, il était géré par 49 associations de la région des trois frontières et offrait des formations sur l'agriculture, l'artisanat, la gestion, l'animation et la décentralisation. Il était au centre du développement des réseaux associatifs de cette région. Le CEFP mettait également en place des rencontres entre les acteurs de toute la région sur des thèmes comme la politique de développement, l'entreprenariat féminin, la promotion des langues nationales, etc.
Au Mali
Développement horticulture Maréna Diombougou Kayes (2011 – 2018 et 2020-2021)
L’Association des Planteurs de Maréna (APM) compte environ 900 maraîchers, plus de la moitié sont des femmes. Elle est une association autonome, s'appuyant sur ses ressources propres, financières, humaines et techniques. Les financements extérieurs ne viennent qu'en appui pour la réalisation d'investissements lourds. Depuis 2002 les membres de l’APM, qui travaillent sur les berges de la rivière Kolimbine, sont conscients que l'horticulture constitue une réelle ressource économique. Ils avaient comme objectifs d’augmenter les revenus de leurs membres, d’améliorer la condition des femmes et de permettre aux jeunes, tentés par la migration, de rester dans la région. De 2011 à 2018, deux micro-barrages ont été construits avec la participation massive de la population, amenant une réelle augmentation de la production maraîchère en allongeant la période possible pour l’irrigation. Des formations ont été organisées pour les paysans chargés de l‘encadrement technique.
Pour faciliter le travail, une dernière phase d’appui en 2020 a permis de financer un tracteur, une charrue à disques, un pulvériseur et une remorque. Un Comité de gestion tracteur a été mis en place et du personnel recruté et formé en vue de la conduire et maintenir le matériel. Ce matériel permet de dégager des revenus complémentaires pour de futurs besoins, dont des formations et des appuis proposés aux membres.
Au terme du partenariat avec Jardins de Cocagne, l’APM est autonome dans son fonctionnement, les maraîchers s’acquittant de cotisations et payant des droits pour l’eau. Progressivement l’activité maraîchère devient une activité économique significative remplaçant les cultures traditionnelles rendues aléatoires par la pluviométrie largement déficitaire.
Pour plus d’infos : http://4d.fgc.ch:8081/4dcgi/code=2020-11
et cette fiche de la Plateforme Souveraineté alimentaire de la FGC.
Développement de la commune de Koussané (plusieurs phases entre 2003 et 2018)
Cette commune de 28 villages et 20'000 habitants devait faire face à un climat sahélien difficile, des sols dégradés et l’absence de cours d'eau permanents. L'agriculture et l'élevage, conduits de façon traditionnelle, constituaient les deux principales activités économiques. L'agriculture était dépendante de la pluie. La commune a mis en place un comité de concertation participatif regroupant des élus, des responsables d’associations de producteurs et des représentants de la société civile. Un fonds de développement local a permis d’appuyer des activités visant les besoins primaires des populations, santé, école, accès à l’eau potable, production agricole, gestion des ressources naturelles. La dernière phase a vu l’aménagement de deux micro-barrages pour retenir l’eau des pluies dans des bassins villageois, la réalisation de diguettes pour les parcelles maraîchères ainsi que l’amélioration de l’élevage bovin et de la production de lait. Le projet s'appuie sur la participation complète de la population.
Au cours de ces années de partenariat, les migrants qui se trouvent principalement en France se sont de plus en plus fortement impliqués dans le développement de leur commune d’origine. Nos partenaires ont également pu nouer d’autres partenariats, dans le cadre de la coopération décentralisée avec des villes françaises et avec des ONG. Ils peuvent donc poursuivre et pérenniser leurs actions avec le souci de démocratie et d’ouverture qui est le leur depuis le démarrage de ces programmes.
Pour plus d’infos :
Associations féminines de l'arrondissement de Same (1994, 1998, 2004-2005)
La coordination de ces associations est née de l'initiative de femmes et gérée par les femmes elles-mêmes. La région de Kayes est une des régions maliennes les plus défavorisées: manque de pluie, grave érosion, éloignement des centres de décisions. La coopérative compte 13 groupements d’agricultrices qui, grâce à ce projet, ont mis en place des périmètres maraîchers et une caisse d'épargne et de crédit. L’ensemble des femmes ont pu suivre des cours d'alphabétisation et de formation. Ces activités ont développé l'autonomie des femmes et augmenté la production agricole, tout en diversifiant leurs sources de revenus par l'expérimentation de nouvelles techniques d'élevage laitier.
Les associations ORDIK (Organisation rurale pour le développement intégré de la Kolimbiné et de la Falao), Djiama-Djigui et les communes du Diombougou (plusieurs phases de 1992 – 2000)
Les deux associations inter-villageoises ont creusé de nombreux puits et construit plusieurs mini-barrages sur la rivière de la Kolimbiné, permettant un nouvel essor à la culture de riz, au maraîchage et à la pêche. Elles ont résolu le problème de l'eau potable dans tous leurs villages membres, ont mis en place des programmes d'alphabétisation et construit des écoles et des dispensaires. Le fonds de crédit expérimental établi en 1996 en collaboration avec les «Jardins de Cocagne» a évolué pour devenir un programme de création de Caisses locales d'épargne et de crédit (CLEC). Plusieurs des responsables d'associations ont été élus au niveau communal ; des élus des communes du Diombougou ont bénéficié d’un programme de formation.
Radio rurale de Kayes (2000)
Il s’agit de la première radio indépendante de la chaîne publique qui a été créée le 1er août 1988 sur dérogation présidentielle. Composée de services techniques et de 15 ONG, l'Association des Radios Diffuseurs de Kayes pour le Développement Rural (A.R.K.D.R.) diffuse des programmes sur les techniques agricoles, la vie sociale et culturelle et la santé. Par les cotisations de ses membres, la vente de messageries, la publicité, la production d'émissions et la retransmission, cette radio est arrivé à assumer ses frais de fonctionnement. En 2000, nous avons participé au renouvellement de l'émetteur et à l'installation d'un relais plus puissant permettant d'étendre la diffusion jusque dans la région de Bakel au Sénégal et de Sélibaby en Mauritanie.
En Mauritanie
Pour des raisons politiques (conflit entre la Mauritanie et le Sénégal en 1989), la collaboration directe avec les associations du Guidimakha, à l’extrême sud de la Mauritanie, n'a commencé qu'en 1998. Cependant, des cadres paysans avaient pu être formés par le Centre d'Echange et de Formation Pratique de Bakel (CEFP – voir dans la section Sénégal). Ces animateurs et les associations paysannes se sont organisés sous forme de coopératives et nous avons soutenu leur effort de développement.
Commune de Baïdiam (2001 – 2008)
Le lac du barrage de Melgue dans la commune de Baïdiam en Mauritanie
La commune est située près de la frontière avec le Mali et non loin du fleuve Sénégal. Elle s'est engagée en 1999 dans un processus de développement local impliquant l'ensemble de la population. Le maire, en collaboration avec les élus, les chefs traditionnels des villages et les responsables des coopératives, a initié un intense travail de consultation et d'animation qui a vu émerger des instances de concertation et de développement représentatives des diverses communautés de la commune. Cette formule, une première pour la région, a impliqué l'adhésion de tous les courants de la société pour assurer la réussite du projet. Les défis étaient nombreux : former les différents acteurs, appuyer les organisations de base, maîtriser les eaux de surface pour améliorer les cultures, gérer de manière durable les ressources naturelles, réaliser des équipements communautaires dans le domaine de l’eau, de l’éducation et de la santé.
Les premières actions qu'ils avaient décidé de financer étaient la construction de deux puits dans des villages sans eau potable, la construction d'un dispensaire et la réparation d'une école.
Les Unions des coopératives (1996 – 2006):
- des femmes du Guidimakha (UCFG)
- des femmes El Wane
- pour le développement de Karakoro (UCDK)
- de développement de Boully et Ould Yenge (UCDOB)
A l'UCDOB en Mauritanie
Réunion à l'Union d'El Wane en Mauritanie
Ces quatre unions regroupent environ 300 coopératives (de 5 à 50 membres chacune). Elles s'organisent autour du maraîchage, de la production de la gomme arabique, de l'élevage de moutons ou de chèvres, de l'artisanat, du petit commerce, de la sécurité alimentaire et de la santé communautaire. L'union leur permet d'avoir accès au crédit, à la formation, à l'alphabétisation, à l'appui technique, au magasin de semences maraîchères et de produits phytosanitaires. Deux des unions fabriquent du grillage pour protéger les cultures contre les troupeaux de chameaux qui viennent du Nord. Les quatre unions gèrent des fonds de crédit et utilisent les bénéfices sur des intérêts pour augmenter le fonds et couvrir une partie des frais de fonctionnement de l'union.