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Situation géographique et climat

Le fleuve Sénégal et ses affluents la Falémé et le Karakoro dessinent les frontières entre le Nord-ouest du Mali, le sud de la Mauritanie et l'est du Sénégal.
La surface de la région des trois frontières (Cercle de Kayes au Mali, région du Guidimakha en Mauritanie et le département de Bakel au Sénégal) est de 54'415 km2 pour 919’260 d'habitants (16.9/km2). La Suisse, avec sa surface de 41'285 km2 compte 8'545'000 habitants (207/km2).

Il y a 3 saisons:
- la saison sèche "froide" d'octobre à février (10°-32°)
- la saison sèche "chaude" de mars à juin (20°-45°)
- la saison des pluies de juillet à septembre (20°-40°)
La moyenne annuelle des précipitations des dernières années est de 300 à 700 mm (de 1500 à 1800 mm en Suisse), tout juste suffisante pour cultiver des céréales. L'irrégularité rend les récoltes de plus en plus incertaines.

La population

On distingue différents groupes ethniques
- les Soninkés, traditionnellement grands commerçants
- les Peuls, éleveurs aujourd'hui sédentarisés
- Les Malinkés, les Jaxankés et les Bambaras, parmi lesquels on trouve la plupart des artisans (forgerons, menuisiers, maçons, bijoutiers)
- Les Maures blancs, qui travaillent dans l'administration publique, essentiellement à Sélibaby
- Les Maures noirs, leurs anciens esclaves, éleveurs et cultivateurs
Ces deux derniers groupes ethniques ne se trouvent qu'en Mauritanie.
A l'exception des Maures noirs qui occupent  seuls des villages nouvellement implantés depuis une dizaine d'années dans le Guidimakha mauritanien, les autres ethnies cohabitent dans les mêmes localités dans les trois pays. L'ethnie majoritaire imprime un caractère spécifique à chaque village.

La population des villes de Tambacounda, Bakel et de Kayes a augmenté beaucoup ces dernières années. Les jeunes s’établissent souvent dans les villes, à la recherche de formation et d'emploi.
Il y a aussi une forte population de migrant-e-s vivant dans les pays africains voisins, en Europe ou en Amérique du Nord.

La zone est un carrefour pour l’Afrique de l’Ouest avec des nomades transhumants, des commerçants dans les grands marchés villageois, des transporteurs.
45% de la population a moins de 15 ans, moins de 30% des femmes et 50% des hommes sont alphabétisés. Les gens vivent en familles élargies, pratiquant la solidarité entre ménages et générations. Les coopératives et les associations de paysans jouent un rôle important dans l'organisation sociale.
L'islam est la religion prédominante.

Economie et infrastructures

L'agriculture
L'agriculture est l'activité principale. Les membres de toutes les ethnies cultivent des céréales pour leur propre consommation: le mil, le sorgho, le maïs, et quand l'eau est disponible, le riz. Les hommes labourent, sèment, sarclent, récoltent et battent le grain. Les femmes participent au sarclage et à la récolte et elles pilent le grain. On produit également des fruits, surtout bananes, mangues et agrumes.
Les arachides sont cultivées pour l'autoconsommation et la vente. La gomme arabique reprend un certain intérêt en Mauritanie.
Au bord des champs on trouve souvent des courges et des fleurs d'hibiscus. La forêt procure des condiments comme le pain de singe (fruit du baobab) ou le quinquéliba (infusion).
Quant au maraîchage, les femmes cultivent de petits jardins collectifs autour des villages et certains hommes sont devenus maraîchers ou arboriculteurs à temps plein.
Après la saison des pluies, les récoltes stockées aux greniers, les jeunes hommes quittent le village pour chercher un emploi dans les villes ou pays voisins. Ils gagnent ainsi le nécessaire pour les dépenses familiales: vêtements, alimentation en partie, transports, bijoux, impôts, loisirs, etc.  

Le petit commerce
Beaucoup de femmes arrivent à gagner un peu d'argent en vendant des beignets, quelques légumes et des fruits ou de l'artisanat dans les villages ou sur les marchés hebdomadaires. Les hommes tiennent plutôt des petites boutiques avec des produits de première nécessité, des tissus etc.

Mines et agro-industrie
De nombreuses exploitations minières (dont l’or) se développent dans la région avec l’arrivée d’ouvriers, mais aussi de jeunes qui quittent l’école dans l’espoir de gagner de l’argent. Ces populations sont particulièrement vulnérables au VIH.
On constate en 2021 d’énormes dégâts au niveau de la pollution des rivières et des sols.

Les écoles   
Les migrants, surtout au Mali, ont fait beaucoup d'efforts pour augmenter le nombre des écoles. Aujourd'hui chaque commune a son école, elle est responsable du bâtiment, les enseignants sont nommés par l'Etat. Dans l'école coranique les enseignants sont embauchés et payés par les parents.
Les classes comptent de 50 à 100 élèves. Les enfants de villages plus éloignés logent chez leurs oncles et tantes. Environ 30% des femmes et 50% des hommes de plus de 15 ans sont alphabétisés. Pour la région des trois frontières, plus isolée, tous ces taux sont plus bas.  

La santé  
On compte dans la région 4 hôpitaux ainsi que des centres de santé, et, au niveau villageois, des cases de santé. Les principales affections sont la malaria, la malnutrition, les diarrhées, les complications de la grossesse et de la naissance, la bilharziose.

En ce qui concerne le VIH/sida, en Afrique de l’Ouest et du Centre, ONUSIDA constate 5 millions de PVVIH et évalue que la moitié ont accès à un traitement ARV en 2018.
Les taux de prévalence sont les suivants pour les trois pays concernés par notre programme :
Sénégal (données 2018) : 42'000 PVVIH (0.5% femmes, 0.4% hommes)
Mali (données 2018) : 150'000 PVVIH
Mauritanie (données 2016) : 11'000 PVVIH vivent dans le pays.

La situation par rapport à l’accès au traitement ARV (antirétroviral) est la suivante :
Au Sénégal, le traitement ARV est gratuit, comme aussi les médicaments contre les infections opportunistes. En 2018, 63% des PVVIH ont eu accès à un traitement ARV.
Au Mali, les ARV ainsi que tous les médicaments et examens nécessaires au traitement des infections opportunistes sont gratuits. 35% des PVVIH y ont accès en 2016.
En Mauritanie, les ARV sont gratuits, mais seulement disponibles à Nouakchott ou à Kaédi à 240 km de Sélibabi. Seulement 23% bénéficiaient d’un traitement en 2016.

Les moyens de transport
Le transport sur les grands axes se fait en taxi-brousse, en car ou pirogue. Le transport individuel en mobylette, en moto, à vélo, à cheval, en charrette à âne et à pied.

L'élevage de bétail
Les vaches sont la plupart de l'année en transhumance et les éleveurs gagnent peu d'argent. Les troupeaux servent surtout de réserve financière pour les périodes difficiles et des occasions exceptionnelles comme les mariages, les baptêmes, les funérailles, etc. Il y a actuellement quelques initiatives pour favoriser la filière laitière.
Les hommes s'occupent des grands troupeaux (vaches, moutons, chèvres) tandis que les femmes s'occupent des animaux restant près des cases: chèvres, moutons de case et basse-cour.

L'artisanat
Tradtionnellement, les femmes font de la poterie, de la teinture, fabriquent du savon et des pommades. Les hommes sont forgerons, menuisiers, maçons, bijoutiers, tisserands, mécaniciens, électriciens. Les deux fabriquent des nattes, font de la couture et travaillent le cuir.

Aujourd’hui, il y a aussi des femmes infirmières, assistantes sociales, sociologues, etc.

La décentralisation politique

Une politique de décentralisation a été introduite dans les trois républiques dans les années nonante. Des communes ont été créées sur le modèle français. La décentralisation doit permettre aux collectivités locales de s'impliquer pleinement dans l'éducation, l'alphabétisation, la santé, la gestion des infrastructures d'intérêt local (dont les adductions d'eau) et l'environnement. Depuis 2012 l’objectif est d’organiser le Sénégal en territoires viables, compétitifs et porteurs de développent durable à l'horizon 2022.

Les bulletins suivants, rédigés par le journaliste Michael Rodriguez, décrivent des aspects de la réalité paysanne :

Bulletin 49 :  Cultiver des céréales dans le Bassin du fleuve Sénégal. Rencontres avec des paysans sénégalais, maliens et mauritaniens
Bulletin 50 : Agriculture et commerce, un couple explosif. Rencontres avec des paysans sénégalais, maliens et mauritaniens